L’histoire du Street Art

Le Street art, ou art urbain, est un mouvement artistique qui s’est développé dans l’espace public. Il est aujourd’hui reconnu comme un véritable courant artistique à part entière. Mais d’où vient-il ? Quelles sont ses origines, ses évolutions et ses formes ? Plongeons dans l’histoire fascinante de cet art libre et engagé.

Les origines (années 60-70)

Le Street art trouve ses racines dans les quartiers populaires des grandes villes américaines, en particulier à New York et Philadelphie. Dès la fin des années 60, les jeunes des quartiers défavorisés commencent à écrire leurs noms ou pseudos — appelés tags — sur les murs et les rames de métro. Ce n’est pas encore de l’art au sens traditionnel, mais plutôt un cri d’existence, une façon de se réapproprier l’espace urbain.

Parmi les pionniers, on trouve Cornbread à Philadelphie, ou encore Taki 183 à New York. Ces signatures posent les bases du graffiti moderne. Rapidement, la compétition entre writers (graffeurs) pousse à créer des œuvres de plus en plus grandes, plus colorées, plus techniques : c’est la naissance du piece (abréviation de masterpiece), une véritable fresque murale peinte à la bombe.

L’explosion dans les années 80

Durant les années 80, le mouvement gagne en ampleur et commence à attirer l’attention du monde de l’art contemporain. Les artistes sortent des tunnels du métro pour peindre sur les murs, et certains entrent même dans les galeries.

Jean-Michel Basquiat, ancien graffeur sous le nom de SAMO, devient une figure majeure de la scène artistique new-yorkaise. Son style brut et expressif séduit les amateurs d’art. De son côté, Keith Haring développe un langage graphique simple et accessible, qu’il applique directement sur les murs et les panneaux du métro, souvent porteur de messages politiques et sociaux.

C’est aussi à cette époque que l’art urbain commence à s’étendre hors des États-Unis. Le graffiti s’exporte en Europe, influençant une génération d’artistes.

L’internationalisation et l’évolution

Dans les années 90 et 2000, le Street art s’internationalise et se diversifie. En France, des artistes comme Blek le Rat ou Miss.Tic introduisent le pochoir, une technique rapide et efficace pour diffuser des messages. Le Street art devient aussi plus politique, souvent utilisé pour dénoncer les injustices, la société de consommation, ou encore les guerres.

Le Street art sort du graffiti pur pour explorer de nouvelles formes :

  • Pochoirs (Banksy, Blek le Rat)
  • Collages (JR, Obey / Shepard Fairey)
  • Mosaïques (Invader)
  • Installations en 3D (Mark Jenkins)

Ces techniques permettent aux artistes de jouer avec les éléments urbains (poteaux, plaques, bouches d’égout…) et de créer un dialogue entre l’art et la ville.

Le Street art aujourd’hui

Aujourd’hui, le Street art est partout. Il ne se limite plus à un acte clandestin : il est reconnu, célébré, parfois même commandité par des villes ou des institutions culturelles. Des festivals comme Mural (Montréal), Nuart (Norvège) ou Urban Art Fair (Paris) rassemblent les plus grands noms du genre.

Certaines œuvres sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Des artistes comme Banksy utilisent même Internet pour diffuser des œuvres anonymes, remettant en question le marché de l’art et la valeur des œuvres.

Mais malgré sa reconnaissance, le Street art conserve son esprit d’origine : provoquer, faire réfléchir, embellir l’espace public… et parfois, déranger.

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